Des scolaires carmausins prennent le maquis à Villelongue

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Une classe de terminale du lycée Jean Jaurès de Carmaux et 7 volontaires de 3ème du collège Augustin Malroux de Blaye Les Mines se préparent à participer au concours annuel sur la Résistance et la Déportation, avec leurs professeurs d’histoire-géo, Jean-François Kowalik pour le lycée et Thierry San Andrès pour le collège.

Après la déportation pour 2018-2019, comme en 2017-2018, le balancier est revenu sur le thème de la Résistance pour 2019-2020.

Le mardi 19 novembre, élèves et professeurs ont donc visité le site et la chapelle-musée de Villelongue à Cabanès, canton de Naucelle, en partenariat avec l’AARS(1)-CVAMA(2), le Souvenir Français carmausin(3), et les Amis de l’Union Fédérale du Garric(4) qui prenaient en charge le coût du car de Carmaux Tourisme pour l’après-midi.

Durant le trajet, Roland Bruère, président du comité du Souvenir Français carmausin, présentait l’organisation du milieu combattant, l’ONAC-VG(5), qui contrôle et appuie les associations, les associations départementales et sections locales d’anciens combattants qui ont aussi un rôle syndical, et la spécificité du Souvenir Français qui fédère du plus jeune au plus âgé, avec ou sans expérience militaire, autour de la sauvegarde et la trans-mission de la mémoire, afin de privilégier la paix.

Il préparait le terrain de la visite en présentant les différentes étapes et orientations de la résistance qui, dès 1940, ont précédé la constitution des maquis : sauvetage-protection de recherchés par l’Etat Français de Vichy et les nazis, renseignement, tracts d’information, formation, sabotage,… les maquis n’intervenant qu’à partir de fin 1943, pour accueillir les réfractaires au STO(6), de plus en plus nombreux, et les résistants mis à jour par la milice ou l’occupant. Hormis les cadres, il s’agissait de tous jeunes hommes de 18-20 ans.

Jean Malgouyres, ancien maire de Cabanès et guide habituel, présente la chapelle-musée(7) et l’histoire de ce hameau, QG du maquis Antoine, choisi par son créateur, Antoine Pech, boucher-maquignon carmausin et pêcheur, parce que quasiment à l’abandon, en pleins bois, sur un terrain accidenté, hors des axes de communication, entre deux rivières dont les versants pouvaient faciliter les dégagements d’urgence, et surtout, à proximité du plateau de Lucante retenu pour recevoir les parachutages nocturnes, qui deviendront quasi quotidiens au printemps 44 et permet-tront d’équiper les groupes de résistants environnants, toutes obédiences confondues sous l’autorité du CNR(8), via les MUR(9) et l’appellation FFI(10).

D’une dizaine fin 43, le maquis Antoine atteindra un effectif de 600 membres opérationnels en août 44.

Jean-Louis Canac, fils d’un résistant d’un autre groupe et adhérent à l’AARS, intervient à la demande de son président Camille Pech (fils d’Antoine) pour entrer dans l’intimité de ces volontaires.

Enfin, Roland Bruère, présente le contexte du feu vert reçu pour la prise de décision de la libération de Carmaux pour le lendemain 16 août, au soir du débarquement de Provence, par les 14 groupes unis du carmausin et Ségala, et, en prévision des réactions allemandes ne voulant pas renoncer au charbon carmausin, la mise en place du front du Garric, de Blaye Les Mines, du blocage du tunnel de la ligne ferroviaire du Viaduc du Viaur et d’une embuscade dans la côte de Tanus.

La ville de Carmaux a été l’une des premières villes à se libérer définitivement de l’occupant par ses propres moyens, et, à ce titre, a reçu la Croix de Guerre 39-45.

A titre d’exemple d’humanité au sein de l’engagement dans ce conflit, il présente Fernand Andrieu « le laboureur » qui nous a quitté à 95 ans le 30 décembre 2018.

L’ensemble des élèves présents participant volontairement au concours sur la résistance, la motivation et l’écoute étaient donc optimum.

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(1) AARS : Association des Amis de la Résistance dans le Ségala Tarn-Aveyron (siège à Carmaux).
(2) CVAMA : Compagnons de Villelongue et Amis du Maquis Antoine (siège à Cabanès – 12).
Le président de ces 2 associations complémentaires est Camille Pech.
(3) Le Souvenir Français carmausin, association mémorielle ouverte à tous, a son siège à la Maison de la Citoyenneté à Carmaux et comme champ d’action la communauté de communes du Ségala carmausin.
(4) L’association des Amis de l’Union Fédérale des Anciens Combattants du Garric, présidée par Denis Toursel, concourt à l’animation de sa commune et à la participation du plus grand nombre au devoir de mémoire, dès le primaire.
(5) ONAC-VG : sous l’autorité du préfet, l’Office National des Anciens Combattants et Victimes de Guerre du Tarn est le relais départemental du Secrétariat d’Etat aux Anciens Combattants.
(6) STO : Service du Travail Obligatoire en Allemagne.
(7) La chapelle-musée de Villelongue, en haut du hameau, près des ruines du château moyenâgeux, a pu être aménagée grâce à l’attribution d’un « vœu Suze » et son fond riche et varié a pu être très pédagogiquement présenté. C’est un atout de proximité pour la mémoire régionale de la II° Guerre Mondiale. Les visites sont gratuites, sur rendez-vous auprès de la mairie de Cabanès (12) et assurés par des bénévoles passionnés. Il y a aussi une stèle au Plo de Lucante, lieu de parachutage que l’on peut atteindre sportivement en 15-20 mn ou par un large détour par la route.
(8) CNR : Conseil National de la Résistance.
(9) MUR : Mouvements Unis de la Résistance.
(10) FFI : Forces Française de l’Intérieur.